Portraits de décorés

Lucie Aubrac

Née en 1912, Lucie Bernard est une jeune femme indépendante. A 17 ans, elle décide de vivre seule à Paris pour suivre ses études. Elle obtient son agrégation d’histoire en 1938 alors qu’elle milite déjà contre le fascisme, sensibilisée par des jeunes exilés de l’Est. Elle épouse un jeune ingénieur de confession juive, Raymond Samuel, en décembre 1939. Mobilisé en 1940 puis prisonnier à Sarrebourg avec son régiment, Raymond s’échappe grâce à Lucie. Le couple qui a un enfant s’installe alors à Lyon et entame une double vie de résistants.

Raymond est l’un des cadres de Libération-Sud avec d’Astier de la Vigerie, puis il devient un responsable de l’Armée secrète dirigée par Delestraint tandis que Lucie s’occupe des filières des réfractaires au STO. En mai 1943, Lucie parvient à faire libérer Raymond arrêté en mars et organise d’autres évasions. Mais en juin 1943, Raymond est de nouveau arrêté à Caluire en même temps que Jean Moulin. Il est torturé par Klaus Barbie que Lucie, enceinte, vient trouver par deux fois pour le persuader de libérer son mari. Elle monte un commando qui parvient enfin à le sauver en octobre 1943. Le couple part alors en exil à Londres où Lucie accouche de sa fille Catherine.

Raymond devient le plus jeune commissaire de la République à Marseille tandis que Lucie est chargée de mettre en place des Comités départementaux de la Libération. Citoyenne active, mais libre de tout parti, Lucie milite contre la bombe atomique et participe à l’Appel de Stockholm. Elle se bat pour le droit des femmes puis pour la paix en Indochine et en Algérie tout en poursuivant sa carrière d’enseignante. Un film de Claude Berri inspiré par ses Mémoires immortalise ses exploits.

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Lucie Aubrac, à son domicile parisien en mai 2003 © Paulgypteau, wikimedia commons