Portraits de décorés

Antoine Jean Gros

Antoine Jean Gros (1771-1835) rencontra Joséphine à Gênes en décembre 1796.

Désargenté, il végétait dans cette ville comme peintre mondain ; de passage, elle allait retrouver son illustre époux, héros de la campagne d’Italie.

Elle l’emmena à Milan où il réalisa le portrait de Bonaparte à Arcole. A partir de ce moment, Gros ne quitta plus le général devenu Premier Consul puis Empereur. Bien qu’enchaînant les succès – La Bataille de Nazareth, Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa, la Bataille d’Aboukir –, il vit d’autres peintres entrer dans la Légion d’honneur, sans que lui fût sollicité. Et puis un jour, au Salon de 1808, alors qu’il présentait la Bataille d’Eylau, Napoléon lui joua un tour dont il avait le secret.

« A la suite de l’exposition de 1808, l’Empereur fit une distribution de croix de la Légion d’honneur à plusieurs artistes. […] Déjà l’on avait appelé les élus : […] l’auteur de la bataille d’Eylau n’avait pas été cité ; son anxiété devenait de plus en plus vive. […] Le tout-puissant rémunérateur avait voulu jouir malicieusement du naïf embarras de Gros, et lorsque ce dernier, croyant tout fini, s’apprêtait à se retirer […], l’Empereur détacha de sa poitrine sa propre décoration, et la remit aux mains de son protégé […]. »

Légende d'e l'illustration :

François Pascal Simon Gérard, Antoine-Jean Gros (1771/1835), huile sur toile, 1790, Châteaux de Versailles et de Trianon

© RNM-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot